Discographie

Alexandra Luiceanu

MATRIOCHKA est le sourire triste de Moussorgsky, l'intensité douloureuse de Rachmaninov, la volupté d'Erdely, la tendresse d'Ivanov. C'est l'émotion ténue d'un Glinka qui se joint à l'extravagance sublime et désespérée d'un Tchaïkovsky. C'est l'ouest et l'est qui se répondent à travers le russophile Zabel qui se souvient ainsi du Faust de Gounod dans sa Fantaisie en lui donnant tout le lyrisme de cette âme slave où nostalgie, fatalité et mélancolie se côtoient dans un ondoyant désordre. C'est l'écho entre la légèreté tout sauf innocente du Prélude de Prokofiev et cette force sourde du Rossignol dont la mélodie d'Alabiev résonne avec tout le folklore d'un pays qui semble avoir souffert autant qu'il n'a aimé. Ce pays si vaste, où comme l'écrit Andreï Makine, "la surabondance d'espace engloutit le temps. Demain signifie "un jour, peut-­‐être", le jour où l'espace, les neiges, le destin le permettront. Le fatalisme... ».

À l'image de ces poupées gigognes se dévoilant les unes après les autres, MATRIOCHKA distille les nombreux visages d'une âme russe, ses passions et ses brisures, jusqu'à ce qu'elles ne deviennent plus que musique et "n'existent plus que par leur beauté".

Qui a dit que la harpe était un instrument sage ?
La grande Marielle Nordmann bat en brèche les clichés qui associent la harpe aux mièvreries de salon. Aux côtés de deux de ses plus brillantes élèves, Alexandra Luiceanu et Clara Izambert, elle signe un disque qui rassemble des oeuvres originales écrites pour harpe mais aussi des transcriptions, dont certaines inédites (réalisées par les interprètes elles-mêmes), de lieder de Schubert et de romances de Mendelssohn et Rachmaninoff.

En solo, en duo ou en trio, les musiciennes jouent avec le timbre de l'instrument, plus orchestral encore que celui du piano, qui leur permet de s'aventurer dans tous les répertoires, en particulier celui des romantiques qui n'a de cesse de repousser les frontières de l'expressivité.